Le jeune club du Bordeaux Bruges Lormont Handball n'aura existé que deux ans. Sa fin a été annoncé par son président. Une fin rageante, triste et qui provoque une certaine colère.
Après les disparitions des Girondins de Bordeaux en 2014 et celle de l'Union Bègles Bordeaux-Mios Biganos en 2015, c'est au tour du Bordeaux Bruges Lormont Handball de tomber et de tout cesser. Né en 2021, l'ambitieux club présidé par Jean-Paul Onillon, va définitivement stopper les activités de ses équipes première, qui évolue en Proligue (deuxième division) et espoir (qui a brillamment réussi à grimper en N1).
Un nouveau coup dur pour le sport de haut niveau régional alors qu'au niveau national des situations similaires ont lieu. Le président du BBL évoque notamment « un manque d'aide des collectivités ». Il y a quelques jours le club avait lancé une cagnotte pour palier à des difficultés financières. « Malheureusement l'engagement que la mairie de Bruges avait promis en septembre s'est volatilisé » avait, entre autres, indiqué le plus important club de handball masculin du département. Force est de constater que tout cela n'a pas suffi.
Pourtant, l'ambition d'avoir – enfin – un grand club de handball en Gironde était l'essence même de ce projet qui s'est très rapidement emballé. Coachée par l'ancien international "Barjot" Philippe Gardent et l'ex joueur Benoît Peyrabout, l'équipe première avait, lors de la saison 2021-2022 réalisé des merveilles en grimpant directement en deuxième division tout en étant championne de Nationale 1. Très rapidement l’emballement s'est fait ressentir avec des matchs intenses, du public au rendez-vous (création d'un kop), l'arrivée de partenaires... L'exercice 2022-2023 se poursuit sur ce même tempo et la salle Jean Dauguet vibre à chaque rencontre. Sans sa sanction de quatre points retirés par la CNACG pour une « invraisemblance du budget », le BBL pouvait même rêver de playoffs. Au mieux, les joueurs de la Rive-Droite termineront cette saison à la septième place, au pire, à la dixième.
Un ultime match doit donc avoir lieu contre Massy ce vendredi soir à la salle Jean Dauguet (avec un accès gratuit). Un moment qui s'annonce chargé et particulier. « Ce dernier match, qui aurait dû être un vibrant hommage à notre parcours pour jouer les playoffs, sera le dernier » déplore le président du BBL et par ailleurs ex boss du Paris Handball.
« Aujourd'hui nous sommes contraints de tourner la page et c'est avec un goût amer que nous devons dire au revoir à notre équipe première, à nos espoirs, à nos rêves collectifs » se désole Jean-Paul Onillon qui regrette que ses « appels à l'aide » soient restés sans réponse. « Nous savions que la tâche était lourde mais cela a été au-delà de nos espérances, rajoute, l'homme d'affaire. Nous avons croisé le mensonge politique, les promesses non tenues ».
Une dizaine de salariés vont être directement impacté par cette fin brutale.
« Bordeaux Métropole doit se saisir de cette situation pour revoir sa stratégie du sport de haut niveau, sa volonté de faire rayonner son territoire par delà ses propres frontières » a écrit avec regrets Jeoffrey Ruiz, maire-adjoint délégué aux mobilités à la ville de Lormont. L'équipe amatrice du Lormont Handball Hauts de Garonne, entraînée par Francisco Contiero, prendra la relève en Nationale 1 (la troisième division française).
[Jérôme Martin-Castéra – photo : BBL]