Sept buts au total, exactement comme au match aller début décembre. Mais répartis du bon côté, cette fois-ci, et ce ne sont pas les rares supporters girondins qui s'en plaindront, dans un Matmut jaugé à 5000 personnes qu'on a vainement cherchées dans les tribunes, l'affluence réelle, malgré le soleil hélas doublé d'un froid mordant, ayant à peine atteint celle d'un "petit" match de Ligue 2 (3 308 spectateurs). Un match à déconseiller aux cardiaques, aux adeptes des tactiques rigoureuses, car ce n'était assurément pas la journée des puristes. Mais on se doutait qu'on ne s'ennuierait pas et que les rebondissements ne manqueraient pas. Par chance cette fois-ci, ils ont fini par sourire aux Marine et Blanc, enfin vainqueurs sur leur pelouse pour la seconde fois seulement, et la première depuis fin octobre contre Reims (3-2). Mais pour goûter - de justesse -à ce bonheur longtemps attendu, on n'oubliera pas qu'il leur a quand même fallu marquer quatre fois, trois n'auraient pas suffi...ce qui reste anormal. Preuve que si le malade respire mieux désormais, comptablement parlant avec 20 points soit la moitié du total qui pourrait lui suffire pour rester en L1 dans 4 mois, il est tout de même loin d'être guéri. Une victoire à la Pyrrhus à l'image des 3 autres succès qu'il a davantage arrachés que cueillis jusqu'ici.
La réaction d'orgueil et le pressing tout terrain imprimé d'entrée par les Girondins ont agréablement surpris et n'ont pas tardé à prouver que l'équipe, comme face à Lyon après la défaite au match aller en Alsace, était bien décidée à ne pas se laisser tondre la laine sur le dos une seconde fois. Compte tenu de l'énergie demandée et des asphyxies fatales rencontrées dans ce domaine sur plusieurs matches cette saison, souvent payées au prix fort, la question fut très vite de savoir combien de temps ils pourraient continuer à exercer ce haut pressing de la sorte, comme des morts de faim, avec une solidarité qui a de toute évidence surpris les Alsaciens, lesquels ne s'attendaient pas à pareil accueil. En toute logique, la récompense n'a pas tardé à venir, sur de longs ballons vers l'avant par-dessus une défense visiteuse plus empruntée qu'à l'ordinaire (à l'image d'un Sissoko peu inspiré, mais il est vrai pas aligné à son poste au début de la rencontre), ballons partis le plus souvent d'un Yacine Adli revenu à son meilleur niveau (après une éclipse d'un mois doublée d'une contamination au Covid) et à la hauteur de sa mission de capitaine, comme il l'avait promis. Après deux alertes sur le but de Sels, sous la forme d'une frappe non cadrée de Hwang d'entrée (1e), puis une autre d'Oudin contré in extremis (12e) tandis que Strasbourg avait aussi mis le nez à la fenêtre par Liénard, dont la frappe à la réception d'un corner et d'un mauvais renvoi de Mangas s'était envolée dans les nuages (5e), les Girondins trouvaient l'ouverture quand Adli alertait d'une belle transversale Rémi Oudin sur le côté gauche qui centrait à ras de terre, Nyamsi se perçait sur l'intervention mais pas Hwang Ui-Jo derrière lui dont l'intérieur du pied droit imparable finissait dans la lucarne (1-0, 17e). Derrière Strasbourg ne tardait pas à réagir, mais Poussin sauvait les meubles devant Ajorque, signalé hors-jeu bien tardivement (19e). Puis Thomasson profitait d'un ballon perdu par Mexer pour croiser sa frappe à quelques centimètres du poteau droit de Poussin (20e). Les Girondins récupéraient vite le ballon, Rémi Oudin interceptait une passe au milieu du terrain d'Ajorque et décalait Alberth Elis, l'attaquant bordelais faisait une nouvelle fois jouer sa vitesse pour aller exécuter Sels d'un intérieur du pied limpide, au terme d'un contre d'école, signant au passage son 8e but (2-0, 21e). En fin de première période les Girondins souffraient du pressing de strasbourgeois vexés d'avoir ainsi été piégés, mais ils continuaient à pratiquer l'art du contre avec une rare justesse. Fransegio, plus à son avantage que d'habitude sur cette rencontre, lançait Hwang sur le côté droit, le Coréen prenait tout son temps pour changer de pied à 25 mètres et enrouler une frappe du gauche splendide dans la lucarne de Sels, légèrement avancé (3-0, 39e), de la même veine que celle qu'il avait inscrite à Montpellier le 22 septembre (3-3). On croyait rêver. Jamais les Girondins n'avaient été à pareille fête en si peu de temps cette saison, ni même la saison dernière, à l'exception peut-être d'un match parfaitement maîtrisé à Nice en janvier (0-3). Mais ils allaient quelque peu raturer la copie dans le money-time de ce premier acte, et du même coup inverser le rapport de forces pour la suite des débats. Le RC Strasbourg se réveillait et réduisait le score en profitant d'un marquage bordelais qui avait tendance à se relâcher dangereusement depuis le 3e but, à l'image de ce centre de Liénard libre de tout mouvement qui trouvait Ajorque et aussi Mexer qui renvoyait dans l'axe. Mais aucun girondin n'ayant suivi ce ballon, ni Mangas ni Lacoux, Kévin Gameiro le récupérait et frappait en pivot, sans contrôler, sur la droite de Poussin, pétrifié sur sa ligne (3-1, 43e).
Docteur Jekyll & Mister Hyde, ou quand Bordeaux se (re)met à trembler
Mais le principal problème des Girondins cette saison, on le sait, est de livrer un match plein du début à la fin avec un rendement linéaire sur 90 minutes, ce qu'ils n'ont pas encore fait jusqu'ici. Et ce 2e match de la nouvelle année en Gironde n'a hélas pas échappé à la règle. Au retour des vestiaires, c'est Strasbourg, sermonné à la pause, qui attaquait pied au plancher et cantonnait les Girondins dans leur camp. On revoyait alors le visage de Bordeaux qu'on aime le moins, celui d'une équipe en plein doute et dont le collectif se délite sous la pression adverse, avec le retour de fautes techniques dans une quantité rédhibitoire au niveau de la Ligue 1. Après une touche bordelaise côté droit, le bosnien francophone Sanjin Prcic interceptait un ballon mal contrôlé par Yacine Adli, puis lançait Gameiro dans la surface, l'attaquant de Strasbourg inscrivait un doublé après un contre favorable sur Mexer et Poussin sorti à sa rencontre, en frappant à l'aveugle dans un angle fermé (3-2, 57e), signant donc en ce dimanche ses 7e et 8e buts. Un vrai geste de buteur, comme sur le premier et sa frappe sans contrôle. Dès lors, les Girondins, qui n'existaient presque plus aux avant-postes, reculaient trop et laissaient dangereusement à leurs hôtes la possession du ballon (près de 80% au plus fort de leur domination). Quelques fantômes de nombreux avantages au score non préservés par les Girondins commençaient à hanter les travées du Matmut. Le pire fut à deux doigts de se produire quand Waris, à la conclusion d'une action Gameiro-Ajorque et d'un centre de Sissoko, égalisait à bout portant, mais son but était logiquement refusé au VAR pour hors-jeu (81e). Une action qui faisait suite à une balle de break manquée par Mangas 50 secondes plus tôt face à Sels sur un mauvais dégagement strasbourgeois dans la surface (80e). Les minutes étaient longues, car Strasbourg ne désarmait pas, sans pour autant trouver la solution dans une défense bordelaise qui faisait preuve d'abnégation et tentait de ressortir les ballons le plus simplement possible. Et si Bordeaux n'héritait que des miettes sur le plan offensif depuis les citrons, il allait cette fois savoir en faire le meilleur usage. Un contre parti du milieu de terrain mettait Elis sur orbite qui servaitt Hwang Ui-Jo, lequel se met sur son bon pied (le droit) avant d'adresser une frappe chirurgicale dans le soupirail et sur la droite du portier alsacien, trompé par le rebond qui tue, juste devant la ligne. Le Coréen s'offrait un triplé - son premier sous le maillot bordelais -, devenait le meilleur buteur asiatique de l'histoire de la Ligue 1 (27 buts inscrits) et scellait la victoire des Girondins (4-2, 90e). Du moins le croyait-on...mais comme à la fin de la première période, et comme à la fin de celle du match aller à Strasbourg le 1er décembre (2 buts concédés dans les 3 dernières minutes), les Girondins levaient le pied coupablement et raturaient de nouveau leur ouvrage. Strasbourg tentait le tout pour le tout et inscrivait un troisième but au terme d'un temps additionnel interminable, généreusement décompté par M.Lesage, grâce à son remplaçant de luxe, l'insaisissable Majeed Waris qui reprenait absolument seul au premier poteau, avec l'aide de l'arête intérieure du but, un centre de la gauche de Caci (4-3, 90+7), Mais ce n'était pas suffisant pour priver Bordeaux d'un ballon d'oxygène vital qui lui permet de reprendre deux places au classement et de n'être plus relégable, pour le moment. Il a cependant sué sang et eau pour décrocher ces 3 points providentiels qui, espérons-le, ne seront pas l'arbre qui cache la forêt. Et qui n'auront d'utilité que s'il ne revient pas bredouille de ses deux prochains déplacements à Reims et Lens - car il est grand temps de commencer enfin une série positive - avant la réception d'une équipe de Monaco qui, à l'instar de Strasbourg, est aussi l'un de ses bourreaux récurrents. En Champagne, il lui faudra même composer sans ses deux milieux de terrain Lacoux et Fransergio, suspendus. Puisque Otavio et Zerkane sont déclarés indésirables, pas besoin de chercher longtemps dans quel secteur recruter sur la semaine à venir, si tant est que les ventes le permettent. La vente de Kalu à Watford, pas encore officiellement actée pour des raisons de permis de travail au Royaume Uni, et le dossier Koscielny qui ne trouve pas d'issue pour l'instant réduisent pour l'instant le mercato espéré à une clause...suspensive.
Réaction de Dimitri LIENARD, milieu de terrain gauche et capitaine du RC Strasbourg Alsace.
Réaction de Gaëtan POUSSIN, gardien de but du FC Girondins de Bordeaux.
Réaction de Julien STEPHAN, l'entraîneur du RC Strasbourg Alsace.
Réaction de Ui-Jo HWANG, attaquant des Girondins de Bordeaux auteur d’un triplé.
Réaction de Frédéric GUILBERT, défenseur latéral droit du RC Strasbourg Alsace.
Réaction de Vladimir PETKOVIC, l'entraîneur du FC Girondins de Bordeaux.
Réaction de Sanjin PRCIC, milieu de terrain du RC Strasbourg Alsace.
[Dorian Malvesin & Christophe Monzie © photo ARL - Loic Cousin]