Municipales: Philippe Poutou veut "faire entrer la colère sociale dans le parlement bordelais"


23 juin 2020

C'est une petite révolution qui pourrait s'opérer dans les travées du conseil municipal de Bordeaux à partir du mois de juillet : l'entrée de Philippe Poutou et de quelques uns de ses colistiers de la liste "Bordeaux en Luttes" qui regroupe des membres du NPA, de LFI, et des Gilets Jaunes entre autres. La gauche de combat, celle des manifs et des luttes syndicales comme il en a connus avec les Ford Blanquefort, désormais prête à mettre son nez dans la politique municipale, et à donner de la voix au Palais Rohan. Après s'être qualifiée pour le second tour avec un score de 11.77%, la liste "Bordeaux en Luttes" paraît en mesure de conserver ce score si l'on en croit les sondages d'avant second tour. Et même de faire un peu plus, c'est en tout cas l'objectif de Philippe Poutou afin d'intégrer ce conseil municipal en compagnie de deux ou trois colistiers. Il paraît loin le temps, en 2014, où Philippe Poutou restait bloqué au premier tour avec 2,51%, loin derrière un Alain Juppé réélu dès le premier tour et une opposition socialiste emmenée par Vincent Feltesse. Depuis, les "ni...ni" et les "en même temps" ont achever de désintégrer les anciennes frontières de la droite et de la gauche, et la confiance dans la classe politique n'a cessé de reculer dans toutes les catégories sociales. L'espace politique était là, surtout dans une ville de Bordeaux qui sous sa réputation bourgeoise est aussi l'une des villes où la contestation des Gilets Jaunes a été la plus forte. Le paradoxe de cette élection étant que si la gauche n'a jamais semblé aussi forte à Bordeaux depuis bien longtemps, elle risque aussi de laisser la mairie à l'équipe sortante pour ne pas avoir été en capacité de faire une large union, comme cela s'est fait dans d'autres communes de la Métropole. Mais dès le lancement de sa candidature, Philippe Poutou avait prévenu qu'il n'y aurait pas d'alliance avec les écologistes et surtout avec le Parti Socialiste, coupables à ses yeux de pas avoir soutenu les luttes passées, les siennes comme celles de tous les électeurs qu'il entend représenter. Ou l'éternel reproche de la gauche radical envers sa cousine sociale-libérale. Mais dans un monde politique où les alliances de circonstances l'emportent plus souvent que les convictions, on ne peut que saluer la démarche qui consiste à ne pas trahir ses idées autant que ses électeurs. Ce sera d'ailleurs, en définitive, à ces derniers de déterminer ce que signifie le "vote utile" qu'appelle de ses voeux Pierre Hurmic.

Retrouver l'interview complète de Philippe Poutou avant ce second tour dans le podcast suivant:

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