FOOTBALL (Ligue 1, 21e journée) ; BORDEAUX / ANGERS (2-1) : Ils ont mené le petit au bout...


24 janvier 2021

Au moment où il est entré en jeu, à la 81e minute de ce match pour remplacer Hwang Ui-Jo le double buteur du jour, Amadou Traoré ne savait pas qu'il entrerait aussi dans l'Histoire. Ainsi que ses coéquipiers, dont la quasi-totalité, comme lui, n'étaient même pas nés la dernière fois que les Girondins de Bordeaux ont battu le SCO d'Angers en Gironde, sous la férule de Rolland Courbis, en octobre 1993 (1-0). Une Histoire et des archives qui retiendront qu'en effet, Bordeaux a enfin remis le couvert après plus de 27 ans de pénitence, même si la statistique s'oubliera sans doute plus vite que l'invincibilité rémoise en Gironde, bien plus longue encore. Petite victoire, tant par le score que par la manière, mais grand bénéfice, comme souvent : les Girondins savaient, à l'instar de leurs hôtes du jour qui les précédaient d'un point au classement, qu'ils auraient une belle carte à jouer s'ils l'emportaient et poursuivaient leur belle série. Comme face à Lorient, ils s'en sont remis à un doublé - un peu tiré par les cheveux - de l'un de leurs attaquants (Oudin contre les Merlus avec une frappe déviée par un défenseur sur le second but, Hwang contre les Scoïstes, avec un premier but entaché d'une position de hors-jeu passif qui prête à discussion) pour arracher un succès difficile ; comme face à Lorient, un Costil intransigeant et un brin de chance les ont aidés à basculer du bon côté (but refusé à Grbic pour les Merlus, tir sur le poteau de Bahoken pour les joueurs de l'Anjou). Et comme dans une partie de tarot où le calcul et le coaching auront eu leur importance, ils sont parvenus à mener le Petit au bout, ayant déjà sorti trop souvent leur Excuse lors des matches précédents. Leur défense a certes plié une fois, sur un coup-franc magistral de Fulgini (38e) qui n'aurait cependant jamais dû exister, mais elle a tenu bec et ongles toute la seconde période, qui fut très loin, dans son contenu, d'être aussi séduisante que la première. Et cette résistance est plutôt une bonne chose, quand on pense aux flingues de concours auxquels Bordeaux va bientôt se mesurer lors des 3 semaines qui arrivent, et qui décideront en grande partie des objectifs qu'il peut raisonnablement s'assigner sur la fin de saison. 

La ressemblance entre les deux matches s'arrêtera pourtant là : car si, face aux Merlus, seuls le dernier quart d'heure fut compliqué pour les Girondins acculés sur leur but, face aux Angevins nantis d'arguments offensifs supérieurs, leur baisse de régime intervint beaucoup plus tôt dans la partie, rendant la seconde période très longue à vivre, avec de fréquents coups d'oeil sur un chronomètre qui semblait frappé de léthargie. Jamais sans doute cette saison au Matmut une mi-temps n'aura paru aussi longue, sauf peut-être contre Lyon (0-0) en septembre. D'autant plus étonnant que la première demi-heure des Marine et Blanc, dans la lignée de leur démonstration niçoise au niveau de la fluidité et de la verticalité dans le jeu, ne laissait en rien présager une fin aussi laborieuse. Certes, c'est bien Angers qui s'était montré le premier menaçant, d'abord sur un centre de Capelle de la droite redressé au second poteau par Bahoken dont la remise passait devant le but (4e), puis surtout sur un bel enchaînement contrôle-volée du droit de Fulgini bien capté par Costil (5e).

Deux contres d'école

Mais le premier contre bordelais, véritable modèle du genre et peut-être le plus beau qu'on ait vu cette saison au Matmut, allait à Dame, parti d'un corner boxé par Costil. Ben Arfa lançait Oudin côté droit dont le centre était cafouillé par Coulibaly, offrant à Kalu l'opportunité de tenter sa chance. Le défenseur angevin en tombant contrait la frappe du Nigérian du fessier, remettant en jeu Hwang, pourtant hors-jeu au départ de l'action mais n'influençant pas le jeu selon l'avis du VAR et de M.Batta... le coréen terminant le travail à bout portant (1-0, 8e). A peine le temps de réengager et un nouveau contre bordelais cassait les lignes quand Adli, positionné comme prévu à la place d'Otavio et aux côtés de Basic à la récupération, lançait Hwang sur le flanc droit qui accélérait, mystifiait Traoré avant de glisser le ballon entre les jambes de Bernardoni (2-0, 11e), signant son 5e but et devenant ainsi le meilleur buteur actuel des Girondins, dans une position d'avant-centre qui est sans doute celle où il s'exprime le mieux, comme on l'avait déjà constaté à Nice ou à Strasbourg. Etrange ressemblance alors, dans le scenario, avec le match aller remporté le 30 août (2-0) à Raymond Kopa, où Bordeaux avait aussi frappé deux fois en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire (Maja 25e, Basic 27e). Le FCGB réalisait alors sa meilleure période de la rencontre (59% de possession), avec des actions à une touche de balle, comme ce corner de Ben Arfa mal renvoyé, qui voyait Adli ne pas trouver la mire sur une frappe instantanée aux 20 mètres (16e), pendant que derrière, Koscielny surgissait souvent à point nommé (22e, 24e) pour écarter les ballons les plus menaçants. Lancé par Ben Arfa, Youssouf Sabaly inscrivait même un 3e but avec la complicité involontaire de Doumbia qui marquait contre son camp, mais le latéral girondin était légèrement hors-jeu au départ de l'action et le but était invalidé (30e). Amadou prenait ensuite un carton jaune mérité pour une semelle sur Adli (32e) et peu à peu, assez inexplicablement, Bordeaux perdait de sa superbe et trop de ballons en milieu de terrain. Sur l'un d'entre eux, échappé par Ben Arfa, Adli était même obligé de commettre une faute, mais quelques mètres trop tard, sur Fulgini, offrant aux Angevins l'opportunité d'un coup-franc dangereux à 20 mètres que l'intéressé enroulait impeccablement du pied droit, laissant Costil pétrifié, peut-être gêné par le soleil intermittent qui éclairait une partie du terrain (2-1, 38e). Proche du 3-0 quelques minutes plus tôt, Bordeaux n'avait finalement plus qu'un but d'avance, et ce retour au score donnait des ailes aux Scoïstes qui finissaient fort le premier acte. Une mauvaise relance bordelaise dans l'axe revenait aussitôt sur Bahoken dont le pointu trouvait Costil à la parade, avant que la reprise de la tête du Camerounais ne soit captée par le gardien girondin, prompt à se relever (42e). Un premier acte qui s'achevait tout de même par un très bon centre à ras de terre de Hwang de la droite, qu'aucun des attaquants bordelais, trop loin du jeu, ne pouvait glisser à bout portant dans le but angevin (45e + 1).

Extinction des feux en seconde période

Il fallait craindre un départ canon des Angevins à la reprise, ce qui ne manqua pas de se produire. Comme face à Lorient, la chance vint alors à la rescousse des Girondins quand Bahoken trouva le poteau, à la suite d'un déboulé et d'un centre de Thioub de la droite, dévié de la tête par Basic sur l'attaquant angevin (48e). Thioub, toujours lui, s'enfonçait comme dans du beurre sur le côté droit avant d'adresser une mine dans un angle fermé que Costil, de la jambe, repoussait en corner (59e). Puis dans la foulée, Doumbia, lui aussi trop libre de ses mouvements, centrait de la gauche sur Bahoken qui assurait mal sa reprise et frappait à droite du but girondin (60e). Bordeaux parait au plus pressé et ne maîtrisait plus grand'chose, face aux vagues répétées des Angevins. Il était temps d'injecter du sang neuf et de remplacer Ben Arfa, au bout du rouleau, par le jeune Tom Lacoux, et Kalu, qui s'était une nouvelle fois éteint au fil des minutes, par De Préville (61e). L'ex-Rémois allait aussitôt hériter de l'unique éclair bordelais du second acte, lancé idéalement dans le dos de la défense angevine depuis la médiane. Mais s'il réalisait le crochet parfait sur le dernier défenseur, en l'occurrence Thomas, sa frappe de 10 mètres se perdait dans les nuages (63e), une action à l'image de sa saison et significative du manque de confiance qui fait pour l'instant trembler son pied, semblable à celles tout aussi franches qu'il a manquées à Nice ou à Paris. Son équipe restant dans le coup, Moulin le coach visiteur ne lésinait pas sur les moyens et faisait entrer Mangani, Diony et surtout Cabot, qui ne tarda pas à devenir un véritable poison pour la défense girondine. Costil renvoyait du pied de façon peu académique un centre de la droite de ce même Cabot (72e), Koscielny sauvait encore deux ballons brûlants devant Diony (74e, 83e), et Angers exerçait une pression constante. Hwang tentait bien de donner le change, mais sa frappe écrasée du droit n'inquiétait aucunement Bernardoni (80e). Tel un gardien de hockey, c'est encore du pied que Benoît Costil sauvait les siens sur un centre puissant dans la surface de Coulibaly qui avait combiné avec Cabot (87e). C'est avec un soulagement non feint que les Girondins, après 4 minutes de temps additionnel, accueillaient l'ultime coup de sifflet de M.Batta. Portée par Koscielny et Costil, leur défense venait une nouvelle fois de sauver les meubles, prolongeant la belle série de 10 points pris sur 12 possibles, un ratio que Bordeaux n'avait plus atteint depuis son final éblouissant en avril-mai 2018 sous la houlette de Gustavo Poyet, qui l'avait conduit jusqu'à l'Europa League par un ultime large succès décroché à Metz (4-0). Aujourd'hui les Girondins pointent à la 6e place, leur meilleur classement depuis le début du présent exercice, ex-aequo avec un OM actuellement déliquescent qu'ils recevront dans 3 semaines. Mais auparavant il faudra passer un test majuscule chez l'épouvantail lyonnais, qui a laminé l'ASSE chez elle dans un derby rhodanien à sens unique (0-5).

  

Ecoutez les réactions de Jean-Louis GASSET, l'entraîneur du Football Club des Girondins de Bordeaux, Paul BERNARDONI, le gardien de but du SCO d'Angers, Amadou TRAORE, le jeune ailier droit du FCGB, Stéphane MOULIN, l'entraîneur du SCO d'Angers au micro de Christophe Monzie qui commentait cette rencontre en direct intégral du Matmut Atlantique à Bordeaux aux côtés de Michel Le Blayo.

Prochain match en direct intégral sur nos ondes : LYON / BORDEAUX ce vendredi 29 janvier à 21h en direct du Groupama Stadium à Lyon-Decines.

Réaction de Jean-Louis GASSET

Réaction de Paul BERNARDONI

Réaction d'Amadou TRAORE

Réaction de Stéphane MOULIN