Football (Ligue 1, 32e journée) : Saint-Etienne / Bordeaux (4-1) : Des Verts luisants dans la nuit bordelaise.


11 avril 2021
[Par Christophe Monzie, à St Etienne]

 

Le département "Fondation Abbé Pierre" du FCGB, dont la vocation, rappelons-le, est de venir en aide aux déshérités de la L1, qu'il s'agisse de clubs en mal de points ou de joueurs en mal d'efficacité, a encore laissé à Geoffroy-Guichard une trace de générosité que l'ASSE n'oubliera pas de sitôt, comme elle l'avait fait au match aller à Bordeaux le 17 décembre quand les Foréziens criaient famine : 17e attaque de Ligue 1, les Verts, qui ne comptaient que 3 succès dans leur Chaudron dont un seul sur leurs...13 dernières réceptions, n'avaient encore battu personne sur les 2 matches cette saison et jamais gagné en concédant l'ouverture du score, auront fait carton plein face aux Girondins (2 buts à l'aller, 4 au retour), emmenés par un Khazri qui s'est rappelé au bon souvenir de son ancien club, comme Zaydou Youssouf, également buteur. Défense de rire, ni même de pleurer... Toute la panoplie possible des avatars d'un match y sera passée pour les Girondins : un penalty sifflé par compensation, un autre évident mais oublié, un but logiquement refusé avant la pause à un moment-clé du match, mais surtout, encore 3 buts concédés sur coups de pied arrêtés et une désinvolture défensive qui inquiète et finit par révolter, à la longue. Verts de honte, les Marine et Blanc ? On n'en est même pas sûr, tant cela paraît trop gros et trop long pour être vrai...

 

Pas de doute, ils y vont tout droit. En touchant le fond ce dimanche sous la fine pluie forézienne face à une équipe qui n'en menait pas tellement plus large qu'eux, les Girondins de Bordeaux ont aligné leur 10e défaite en 12 matches officiels et senti la menace se préciser avec le point pris par le barragiste Nîmes à Brest (1-1), qui n'est désormais plus qu'à 6 longueurs, soit deux victoires, à 6 tours de la fin d'un exercice qui restera sans doute comme le pire des 40 dernières années, à de nombreux points de vue. Plus que la lourdeur du score dans une partie où paradoxalement ils auront eu le ballon bien plus que leur hôte, mais pour un usage insignifiant comme c'est presque toujours le cas cette année, c'est la désinvolture affichée dans l'attitude défensive qui a laissé perplexe et qui a même pu en indigner certains. Avec encore 3 buts concédés sur coups de pieds arrêtés (soit 17 au total cette année) et 4 dans la musette au final, ce qui porte à 24 unités le bilan des 11 dernières rencontres, les Marine et Blanc, sermonnés par leur supporters ce samedi au Haillan en pleine séance d'entraînement, n'ont manifestement pas reçu le message cinq sur cinq. Pas plus qu'ils n'avaient su joindre les actes aux paroles et aux promesses, avant la réception des Alsaciens la semaine passée. Si les problèmes du club Marine et Blanc dépassent, comme tout le monde le sait et comme les supporters l'ont souligné ce samedi, le cadre purement sportif, avec une direction absente qui, rappelons-le, avait budgété une 10e place au final et même annoncé, en novembre par la voix de son président, que la 8e place restait "un objectif tout à fait réaliste" (sic), jamais sans doute au cours de ce dernier trimestre maudit on ne l'aura autant vérifié qu'en ce sinistre dimanche...Il est des attitudes et des réactions (ou des absences de réaction) qui ne trompent pas.   

 

Confits dans le Chaudron

 

Passe encore sur les deux premiers buts de la rencontre, cadeaux inscrits dans le One-Man-show annoncé de l'ineffable M.Schneider qui, après s'être trompé une première fois pour avoir sanctionné Debuchy d'une faute quasi-imaginaire sur Zerkane (après une grosse erreur de relance de Moukoudi), permettant à Hwang d'inscrire sur le penalty qui suivit, de la même façon que face à Strasbourg, son 11e but personnel (0-1, 9e), crut opportun d'appliquer le principe de compensation peu après, sur une action initiée par Debuchy côté droit récupérant une transversale de 50 mètres de Cissé, où ce vieux filou de Khazri, à la lutte épaule contre épaule avec ce même Zerkane, s'affala gentiment en pleine surface avant de réparer lui-même la pseudo-faute (1-1, 18e). En revanche, ce qui suivit eut largement de quoi donner le bouillis aux supporters girondins les plus indulgents. On croyait que la leçon des largesses constatées dernièrement, à Montpellier et contre Strasbourg ou même à Brest, avait été retenue, et que les Girondins étaient bien décidés à défendre ensemble et avec cohérence comme une équipe de Ligue 1 en donnant enfin le tour de vis qui s'imposait. Mais on se trompait, encore, il fallut bien se rendre à l'évidence. Et c'est inadmissible, compte tenu de la situation du moment. Inadmissible, par exemple, que sur ce corner d'Aouchiche, Khazri, totalement oublié au second poteau, ait eu tout le loisir de contrôler le ballon, puis de contourner un Hwang venu juste faire acte de présence (mais était-ce à lui d'y aller ?) avant de croiser sa frappe à ras de terre sur la droite de Costil dans une forêt de jambes, sans avoir été gêné le moins du monde aux entournures (2-1, 23e). 

 

Mêmes causes, mêmes effets

 

Inadmissible, toujours, qu'en seconde période, l'AS St Etienne, en trois véritables incursions dans le camp adverse que Bordeaux lui offrit plus qu'elle ne sut les construire par elle-même, ait marqué deux fois et ait été à un cheveu de scorer une troisième, le pied miraculeux de Costil privant Khazri seul face au but vide de l'exécution promise (50e). On ajoutera au rayon de la générosité bordelaise cet amorti de la poitrine improbable de Benito dont Hamouma faillit bien profiter sans le retour in extremis de Koscielny (62e). Pour le reste, chaque coup d'accélérateur stéphanois alla à Dame, c'est bien cela le plus dramatique : Bordeaux plie chaque dimanche comme un château de cartes. Ce fut d'abord Cissé qui trouva le moyen, comme Koné une semaine plus tôt avec Strasbourg, de prendre le dessus de la tête sur 3 bordelais sur un corner de Zaydou Youssouf, entré en jeu peu avant, contraignant Costil à une parade exceptionnelle...mais qu'aucun de ses défenseurs ne sut capitaliser, Briand venant jouer le pompier de service avant de toucher le ballon involontairement de la main sur la reprise de Moukoudi - pourtant non cadrée - qui avait suivi. Nouveau penalty pour les Verts, donc, et coup du chapeau pour Khazri d'un contrepied d'école (3-1, 71e). Inadmissible, enfin, que sur ce nouveau contre et ce déboulé de Bouanga sur l'aile gauche parti de la médiane, puis ce tir taclé d'abord par Koscielny puis repoussé par Costil devant une demi-douzaine de défenseurs spectateurs, Basic n'aille "en pantoufles" tenter de sortir ce ballon brûlant dans les 6 mètres que Youssouf, avec une tout autre fougue, s'empressa de propulser dans le but en surgissant dans son dos. Une léthargie qui laissait penser que l'heure de la sieste dominicale avait sonné plus tôt que prévu pour les Girondins (4-1, 81e) et qui contrastait cruellement avec la détermination affichée par l'ASSE sur l'ensemble de cette action, non maîtrisée de bout en bout, qui résumait à elle seule l'histoire d'une nouvelle démission collective. D'autant plus dommage pour le Croate que cette désinvolture gâchait sa première mi-temps plutôt convenable, avec un important travail de récupération, travail que par exemple, Seri, en retard sur bien des coups, fut une nouvelle fois incapable d'accomplir. C'est aussi Basic qui s'était trouvé à la conclusion de l'action collective bordelaise la plus aboutie du match (on devrait dire : la seule) avec cet excellent centre de la gauche pour la tête de Zerkane fuyant la lucarne gauche de Green (38e). Et c'est toujours lui, avant qu'il ne disparaisse des radars en seconde période comme beaucoup de ses partenaires, que l'on retrouvait sur ce dernier coup-franc du premier acte obtenu par lui-même après une grosse faute de Bouanga averti sur l'action. Mais sa frappe enroulée percutait le montant gauche du but de Green avant que Koscielny, hélas parti une demi-seconde trop tôt et donc hors-jeu, ne voie sa reprise victorieuse dans le but vide logiquement invalidée (45e). Si l'on ajoute cette belle passe en profondeur d'Adli pour Oudin et l'intervention au pied décisive du jeune portier stéphanois sur la frappe sans angle de l'ex-Rémois, on constatera que Bordeaux, sans donner l'impression d'une grande maîtrise technique, n'était cependant pas resté inactif en ce premier acte, mais comme à Montpellier, il avait manqué de réalisme et de justesse, à la grande différence de son hôte du jour. D'autant qu'il n'avait pas non plus été aidé par l'arbitrage, l'impayable M.Schneider, qui cultive décidément un art consommé des contradictions et avait décidé de faire du VAR un simple élément ornemental en ce dimanche, ayant oublié le plus évident des penalties, bien plus net que les 3 autres qu'il siffla, quand Rémi Oudin fut stoppé net et sans ambages à l'intérieur de la surface par Moukoudi (29e), à un moment du match où Bordeaux était encore en vie.

 

Le radeau de la Méduse
 

 

La seconde période fut en revanche bien moins convaincante, et si Gasset ne tarda pas à lancer dans la marmite sa division offensive (entrées de Ben Arfa, De Préville et Briand), cela n'eut une fois de plus d'autre effet qu'un cautère sur une jambe de bois et ne se matérialisa sur le terrain autrement que par une plus grande possession de balle, hélas stérile comme on l'a déjà signalé. Au final, les Girondins perdent donc encore une place et glissent au 15e rang, distancés par leur bourreau du jour. La venue de Monaco samedi prochain, qui a balayé Dijon (3-0) en fin d'après-midi, n'incite guère à l'optimisme, c'est le moins qu'on puisse écrire, à moins d'un pèlerinage à Lourdes ou d'un remède de cheval administré d'ici là. Jean-Louis Gasset réclame l'union sacrée pour remplir la mission désormais vitale du maintien, sans qu'on soit certain que son équipe soit taillée ni motivée pour pareil challenge. Car la réalité du terrain, et le manque d'implication constaté par trop d'éléments de son équipe (Ben Arfa erra encore pendant 35 minutes comme une âme en peine, à l'instar de De Préville, qui se démena beaucoup dans le vide, pendant qu'Adli, Oudin ou Basic perdaient pied peu à peu pour disparaître après les citrons) laisse craindre qu'il ne dispose hélas plus des leviers nécessaires pour tenir la barre d'un radeau de la Méduse qui navigue au gré des courants et ne semble désormais devoir son salut qu'au bon vouloir de ses rescapés...Il ne reste plus que 18 points en jeu pour éviter l'impensable.

 

Au micro de Christophe Monzie qui commentait cette rencontre en direct du stade Geoffroy Guichard à St Etienne en compagnie de Frédéric Roux ancien gardien de but des Girondins, écoutez les réactions d'après-match. Une seule réaction girondine, car comme à Marseille, aucun joueur bordelais n'est apparu en conférence de presse après la rencontre.

 

Réaction de Claude PUEL, l'entraîneur de l'AS Saint-Etienne.

 

Réaction de Jean-Louis GASSET, l'entraîneur du FC Girondins de Bordeaux.

 

Réaction de Wahbi KHAZRI, le milieu offensif de l'AS Saint-Etienne, auteur du premier hat-trick de sa carrière.

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