
22 janvier 2022
Chasser le doute et l'épée de Damoclès, tel sera le double enjeu des Girondins ce dimanche 23 janvier dans un Matmut qui va retrouver un peu de public pour un match on ne peut plus capital. Après la leçon de football reçue en Alsace à l'aller (5-2) il y a un mois et demi, puis la dérouillée bretonne (6-0), pas question de tendre l'autre joue pour un groupe dont on guettera la réaction d'orgueil, qu'on espère similaire à celle qu'il avait affichée contre Lyon au lendemain de la fessée alsacienne justement. Un groupe diminué davantage par les blessures et suspensions désormais (Costil, blessé mais moins gravement que prévu, et Sissokho, suspendu après son explusion à Rennes) que par les cas de Covid. Mais comment s'y prendre pour enrayer l'armada offensive d'un Racing qui marche sur l'eau depuis deux mois (5 victoires sur ses 6 dernières sorties en L1) et qui vient encore de remporter sans trembler son match en retard à Clermont en ce milieu de semaine (2-0) ? Un véritable tournant qui selon son issue, pourrait avoir des conséquences immédiates sur l'avenir de Vladimir Petkovic en Gironde et peut-être même sur le mercato hivernal du club, si tant est qu'il se matérialise, à dix jours du buzzer, alors que le transfert de Kalu chez l'avant-dernier de Premier League Watford (3,5 M€ avec bonus) ne semblerait pas encore définitivement réglé - même si cela reste à confirmer - en raison d'un problème administratif lié à l'entrée sur le territoire anglais.
Heureusement qu'il nous reste la méthode Coué, les pélerinages à Lourdes, la marijuana et autres substances amusantes ou les bouquins de Boris Cyrulnik sur la résilience...Parce qu'autrement, à l'examen de cette saison bordelaise qui fera date dans les mémoires des supporters autant que dans l'histoire du club, il y aurait de quoi, quelquefois, les soirs de grands désastres, éprouver le besoin de s'immoler par le feu pour ne plus vivre ce chemin de croix. Heureusement aussi que le bon vieux proverbe "il n'y a que la foi quis sauve" va nous permettre, au moins un week-end de plus, de croire en un avenir meilleur pour un club dont tous les voyants ou presque sont au rouge, hormis l'arrivée de Grégory Coupet qui apportera - peut-être - un plus qualitatif et humain si le club reste en Ligue 1, et le rétablissement de Patrice Lair à la tête de l'équipe féminines au bout d'une semaine de mise à pied (on n'est pas sûr que ce terme soit adéquat), et ce avec le soutien de ses propres joueuses.
Plus vraiment d'excuses
Pour le reste, on voudrait bien en arriver - par déférence - à ne plus souligner les stats accablantes qui fâchent et qui blessent, comme cette défense en parchemin qui n'en finit plus d'inquiéter et au sein de laquelle on ne verra donc jamais ce que la paire Baysse-Koscielny aurait pu donner, puisque l'un et l'autre ne font plus partie des "orientations stratégiques du club", selon ce qui a été expliqué. On a pourtant l'impression qu'au point où on en était, ça n'aurait pas mangé de pain que de tenter l'expérience, au moins sur un match ou deux...On pourrait aussi s'inquiéter de cette attaque, plutôt inspirée sur la phase aller, qui n'a certes jamais été l'arbre qui cachait la forêt - car celle-ci était bien trop touffue - mais qui avait au moins le mérite de nous ménager quelques clairières baignées d'un timide soleil, et qui reste dangereusement muette en 2022 depuis 3 rencontres. Mais sans doute faut-il, avant de regretter cette stérilité offensive, commencer par se pencher sur les occasions de but dignes de ce nom que Bordeaux s'est octroyées sur ces 3 rencontres, qui tiennent sur les doigts d'une seule main (1 contre Marseille par Hwang, 1 à Rennes par Dilrosun à 4-0 pour les Rennais, 2 à Brest en fin de match à 2-0 pour les finistériens avec de toute façon une équipe de niveau CFA, pour ainsi dire). Le Covid qui a frappé la quasi-totalité de l'effectif et le peu de cas que les instances fédérales - la FFF d'abord, la LFP ensuite - ont fait de la cause girondine peuvent constituer des explications valables jusqu'ici, mais qui ne le seront plus ce dimanche pour la réception des Alsaciens. En clair, sur le terrain comme en coulisses, depuis le temps qu'on tirait sur la sonnette d'alarme en ayant l'impression de prêcher dans le désert, les Girondins ont quasiment grillé tous leurs jokers.
La verte plaine d'Alsace
Car si les Girondins ont viré au rouge - et pas du meilleur tonneau, assurément, mais plutôt de celui qui laisse des taches tenaces - depuis trop longtemps, les Alsaciens, eux, ont tous leurs compteurs au vert au moment de se rendre, un mois et demi seulement après le match aller - par les subtilités d'un calendrier qu'on a voulu rendre asymétrique, on se demande encore pourquoi - dans un Matmut Atlantique devenu leur jardin favori depuis leur retour dans l'élite puisqu'ils y restent sur 4 victoires en autant d'apparitions. Celles-ci tournèrent parfois à la démonstration, notamment en 2018 où, 3 jours après un brillant succès à Odessa (3-1) en Europa League contre Mariupol, Bordeaux, très tôt réduit à 10 après l'exclusion de Pablo, plia en 6 minutes en seconde période pour le match d'ouverture de la saison (0-2), ou plus encore l'année précédente dans un décembre noir où il n'avait pas mis un pied devant l'autre et lâché d'entrée (but de Bahoken, 2e minute), englué dans une série noire (5 défaites au final avant la trêve) qui finit par coûter sa place le mois suivant à Jocelyn Gourvennec, toute ressemblance avec des faits existants étant naturellement fortuite et involontaire. Bref, pour faire simple, jamais sans doute depuis son titre de champion de France en...1979 le RCSA n'a affiché une santé aussi florissante et des stats qui forcent autant l'admiration, certaines étant même inédites dans l'histoire du club, comme par exemple ces 3 dernières victoires consécutives à l'extérieur sans le moindre but concédé (Nice 3-0, Metz 2-0 et dernièrement Clermont 2-0 dans le match en retard, sans compter la qualification en Coupe à Valenciennes 1-0 en 32es de finale). Quatrième au classement depuis mercredi soir, l'équipe compte la 2e attaque de France avec 41 buts, à une longueur du PSG, et ses 4 trublions de devant se partagent équitablement la besogne (Ajorque 10 buts, Diallo 8, Thomasson 7, Gameiro 6), alimentés par le taulier de service, Liénard, qui connaît la maison comme sa poche pour avoir tout connu avec, le pire comme le meilleur. Ajoutez à ce bilan qui incite à réfléchir les 5 passes décisives de Sissoko, les 4 d'Ajorque et de Thomasson, et vous aurez une idée assez précise de ce qui fait aujourd'hui la force et l'équilibre d'une bonne équipe de Ligue 1. Ce sont d'ailleurs ces mêmes joueurs (sauf Diallo, pas utilisé ce soir-là) qui avaient fait tourner en bourrique les Marine et Blanc à la Meinau le 1er décembre (5-2) dans un match tactiquement maîtrisé de cent coudées, de la première à la dernière minute qui a ressemblé à bien des égards à la Bérézina bretonne du week-end dernier, ne serait-ce que dans cette impression de pouvoir inscrire des buts quasiment à la demande (6 par les Bretons en 60 minutes, 5 par les Alsaciens en 42 minutes avant qu'ils ne lèvent le pied...). De la façon dont les Girondins auront analysé et résolu (ou pas) leurs lacunes tactiques constatées ce jour-là en Alsace dépendra grandement le sort du match capital de ce dimanche, puisque les mêmes gachettes seront là et qu'on voit mal Julien Stephan ne pas reconduire une formule qui gagne. Du moins jusqu'à présent.
Bordeaux toujours diminué
Un match qu'il faudra aborder côté girondin sans Jimmy Briand (lésion au mollet droit) ni Amadou Traoré (lésion au quadriceps droit) tous deux blessés à Brest en Coupe, mais aussi le capitaine Benoît Costil (lésion musculaire au mollet droit) qui s'est blessé ce jeudi à l'entraînement mais dont l'indisponibilité devrait être un peu moins longue qu'on le redoutait. Petkovic n'avait pas encore tranché vendredi sur la question du gardien de but entre Gaétan Poussin et Davy Rouyard, aligné et brillant à Brest en Coupe, mais Poussin devrait selon troute vraisemblance garder la cage bordelaise ce dimanche. Sissokho purgera sa suspension consécutive à son expulsion à Rennes, Onana n'est toujours pas disponible, et pas davantage Mensah sauf changement de dernière minute, puisque l'international ghanéen, éliminé de la CAN à la surprise générale avec sa sélection nationale, ne devait regagner la Gironde que ce samedi, selon son entraîneur. Si l'on ajoute à cette liste les "indésirables" Zerkane et Otavio, c'est donc seulement avec 3 milieux de terrain de formation que Bordeaux se présentera ce dimanche, (Lacoux, Fransergio et Adli, qui héritera pour la première fois de la saison du brassard de capitaine). A noter l'apparition dans le groupe du jeune défenseur de l'équipe réserve Louis Jean, et de nouveau la présence de Josh Maja, malgré son statut de "transférable immédiat". Côté alsacien, Stéphan devra se passer des services de son milieu de terrain Jean Ricner Bellegarde et de Sahi (blessés) ainsi que de son attaquant Habib Diallo (retenu à la CAN), mais il enregistrera le retour de son défenseur central ghanéen Alexander Djiku, rentré de la CAN dès ce jeudi, et qui aura donc mis nettement moins de temps à rejoindre l'Alsace que son compatriote Mensah la Gironde, probablement retardé par les liaisons aériennes...
Rendez-vous ce dimanche 23 janvier 2022 dans l'émission Top Chrono à partir de 14h15. Le mag d'avant-match avec des invités, puis le coup d'envoi à 15h, commentaires de Christophe Monzie et Michel Le Blayo, assistés de Laurent Brun.
Match à suivre sur toutes nos fréquences en direct intégral du Matmut Atlantique de Bordeaux-Lac, sur notre site www.arlfm.com et sur l'appli ARL de votre téléphone !
Ecoutez les réactions d'avant-match au micro de Christophe Monzie.
Réaction de Yacine ADLI, milieu de terrain du FC Girondins de Bordeaux, promu capitaine ce dimanche.
Réaction de Vladimir PETKOVIC, l'entraîneur du FC Girondins de Bordeaux.
Réaction de Kévin GAMEIRO, attaquant du RC Strasbourg Alsace.
Réaction de Julien STEPHAN, l'entraîneur du RC Strasbourg Alsace.