Top UBB du jeudi 15 décembre | Yannick Bru : "Je suis très concentré sur les Sharks, mais il faudrait être fou pour ne pas être intéressé par le projet de l'UBB"


15 décembre 2022

Ce vendredi (21h), l'Union Bordeaux-Bègles va affronter les Sharks de Durban en Champions Cup. Invité du podcast de Top UBB sur ARL, le consultant des Sharks de Durban, Yannick Bru, revient sur l'actualité des Sharks, de la Champions Cup, de l'Union Bordeaux-Bègles et de son avenir, pour ARL.

Après quatre saisons sur le banc de l'Aviron Bayonnais, Yannick Bru (49 ans) a décidé de partir en Afrique du Sud pour rejoindre les Sharks de Durban, présidé par Eduard Coetzee (CEO), une équipe qui est en pleine mutation : "Cette équipe des Sharks a été rachetée par un fonds d'investissement américain, plusieurs grands noms sont arrivés comme Eben Etzebeth, Siya Kolisi ou encore Bongi Mbonambi. Depuis l'année dernière, les Sharks disputent le United Rugby Championship (Ndlr : ex-Pro 14) qui englobe les meilleures équipes d'Ecosse, Pays de Galles, Irlande, Italie et Afrique du Sud [...] On joue pour la deuxième fois dans ce championnat et ce sera la première fois qu'on joue en Champions Cup et Challenge Cup."

Les Sharks vont affronter l'UBB en Champions Cup

Depuis cette saison, les franchises sud-africaines peuvent participer à la nouvelle édition de la Champions Cup. Les Stormers se sont inclinés face à l'ASM Clermont (24-16), les Bulls ont battu le LOU Rugby (42-36) sur ses terres. C'est au tour de l'UBB d'affronter une équipe Sud-Africaine et pas des moindres, l'équipe des Sharks avec ses internationaux des Springboks comme Siya Kolisi, capitaine des Springboks, Eben Etzebeth, Makazole Mapimpi, Bongi Mbonambi ou encore Ox Nche tous présents sur la pelouse de Chaban-Delmas pour défier l'UBB. Pour les clubs français, ce genre de rencontre peut apporter de la confiance dans un groupe et faire progresser l'équipe sportivement, mais pour les franchises Sud-Africaines, l'avantage d'affronter des équipes françaises, ça peut apporter une exposition médiatique en Europe : "Le rugby est le sport numéro 1 en Afrique du Sud, malgré tout, c'est un pays qui souffre économiquement et ils ont besoin d'exporter le rugby. Le championnat sud-africain du Super Rugby est en déclin en matière d'attractivité et de supporters dans les stades. Les franchises ont envie de participer à des compétitions de haut niveau, c'est le cas de l'URC et de la Champions Cup qui, peut-être, avait besoin d'un nouveau souffle, car franchement on pouvait donner les demi-finalistes : Toulouse, La Rochelle, Leinster, Saracens voire Exeter. La donne va changer avec l'arrivée, peut-être, des franchises sud-africaines."

Une soif d'apprendre en Afrique du Sud

L'ancien manager de l'Aviron Bayonnais a souhaité quitter la France pour rejoindre l'Afrique du Sud, pour découvrir un autre rugby. "J'ai fais onze années en tant qu'adjoint à Toulouse et au XV de France, puis quatre saisons à l'Aviron Bayonnais, dans un club en plein développement. Je ressentais l'envie de prendre une respiration, car ça me "bouffait" beaucoup d'énergie. J'ai eu cette proposition et je me suis dit pourquoi pas tenter l'aventure, même s'il y a plein de cliché, mais il faut bien admettre qu'ils sont champions du monde et que les Stormers ont gagné la saison de l'URC. C'est un rugby de premier plan avec une organisation différente, j'avais envie de me frotter à eux. J'ai déjà voyagé en Afrique du Sud, maintenant j'y suis h24 et 7j/7, c'est une immersion totale et ça m'a apporté beaucoup et j'espère que je leur apporte des choses sur le rugby européen également. Je suis certain que je reviendrais en France meilleur."

Focus sur les Sharks adversaire de l'UBB

Les Sharks sont arrivés lundi soir à Bordeaux et le staff n'a pas souhaité effectuer une mise en place. Ils ont laissé au repos les joueurs pour pouvoir laisser les organismes gagner de la fraicheur avant le match face à l'UBB. Une équipe des Sharks qui prend le temps de construire ses victoires en décidant de mettre son tempo à partir d'une conquête forte, c'est la philosophie de l'équipe. "Elle a la spécifité d'avoir un jeu offensif, raconte Yannick Bru, avec une belle ligne de trois-quarts : Curwin Bosch, Jaden Hendrikse, Lukhanyo Am, Ben Tapuai et Makazole Mapimpi. Il y a pas mal de joueurs qui ont vraiment du talent et peuvent apporter de la vitesse, donc on exploite ça. Le rugby sud-africain est toujours marqué par la domination physique, que ce soit sur les phases de conquête ou dans l'engagement simple et dur sur l'homme. C'est une photographie du rugby sud-africain avec une envie d'attaquer un petit peu supérieure à la normale Sud-Africaine. On a un entraîneur irlandais qui s'occupe de l'attaque et qui arrive du Leinster. Il porte les principes de cette équipe du Leinster avec une phase offensive de qualité. J'espère qu'on verra ça face à Bordeaux [...] Ça va être compliqué car, en six jours, on passe de 37 degrés avec une humidité proche des 80% aux 5 ou 6 degrés à Bordeaux, mais je peux vous annoncer que faire le chemin inverse ce n'est pas simple non plus."

"Il faut être fou pour ne pas être intéressé par le projet de l'UBB" - Yannick Bru

Une de ses missions au sein des Sharks est de présenter l'adversaire du jour et notamment les équipes françaises. "Je dois montrer dans quelle atmosphère les joueurs vont jouer, les forces et les faiblesses, les individualités à surveiller ou encore les failles qu'on pourrait exploiter. On a beaucoup parlé de cette équipe de l'UBB. Bordeaux a la chance de jouer dans un stade avec le record d'Europe de fréquentation de public [...] La dernière fois que j'avais joué l'UBB, c'était avec Bayonne et c'est très difficile pour nous, l'UBB était dans une bonne dynamique. Aujourd'hui, pour diverses raisons, l'UBB bataille un peu plus en Top 14 même si je pense que beaucoup de matchs ont été perdu de très peu. Bordeaux-Bègles a eu de la malchance sur pas mal de rencontre clés alors qu'elle avait mis les arguments, objectivement pour gagner ces matchs-là. J'ai la sensation que cette courbe est en train de s'inverser. Je sais qu'on va rencontrer une équipe de l'UBB hyper compétitive, qui est toujours très fière et qui a un état d'esprit tourner vers le défi et l'affrontement, donc ça être une partie intéressante." explique Yannick Bru.

Une année en Afrique du Sud, puis retour en France

En revenant en France, ce sera l'occasion pour Yannick Bru de recharger les batteries, de retrouver des amis et profiter de revenir en France : "ça fait du bien de revenir, de retrouver la France dans une belle ville comme Bordeaux, la possibilité de se balader tout seul dans la rue, de visiter Bordeaux. Il faut savoir qu'en Afrique du Sud, il y a un niveau de sécurité très importante, à partir de 17h, 18h. On ne peut plus se balader aux abords du centre-ville de Durban, c'est trop dangereux. J'apprécie cette liberté qu'on a chez nous, on parle beaucoup de crise énergétique et peut-être de coupure d'électricité, il faut savoir qu'en Afrique du Sud, trois à quatre fois par jour on coupe l'électricité pendant deux heures [...] J'apprécie d'être en France, de retrouver des équipes du Top 14. Puis, j'ai retrouvé des amis, juste avant de participer à votre émission, j'ai partagé un bon moment avec Ugo Boniface (Ndlr : ancien joueur de Bayonne et pilier de l'UBB), ça me fait plaisir de parler français et de passer un bon moment avec vous."

Yannick Bru reviendra en France après sa saison avec les Sharks, son nom a circulé au sein de l'Union Bordeaux-Bègles pour succéder à Christophe Urios, démis de ses fonctions après la défaite face à la Section Paloise. Un projet qui intéresse l'ancien talonneur du Stade Toulouse : "ce n'est pas encore officiel, c'est certain, je suis très concentré dans ma mission avec les Sharks. Maintenant il faudrait être fou pour ne pas être intéressé par le projet de l'Union Bordeaux-Bègles, avec une ville qui a une attractivité forte, avec un club ambitieux qui progresse chaque année et un centre d'entraînement de première de qualité, c'est un endroit qui intéresse. Le projet bordelais ne me laisse pas insensible, mais j'ai aussi d'autres propositions. Aujourd'hui, c'est le jeu, quand tu es au mois de novembre ou décembre, on commence à attaquer les recrutements des staffs et des joueurs pour la saison prochaine. On verra ce qu'il se fera, mais Bordeaux est un endroit sympa."

[Par Dorian Malvesin © photo Aviron Bayonnais]

"Top UBB" , votre magazine hebdomadaire consacré à l'actualité de l'Union Bordeaux-Bègles, chaque jeudi à 19h, présenté par Dorian Malvesin, Francis Lagleyze et Loic Le Cabellec.

Entretien avec Yannick BRU.