
07 mai 2021
Probablement l'un des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire, le monde de la nuit souffre de ne pas pouvoir reprendre du service et pâtit d'un terrible manque de considération. À Langon, le QG est à l'arrêt depuis le 13 mars 2020.
Premiers fermés, derniers rouverts. Une semaine après le dévoilement du calendrier du déconfinement, la digestion n'est pas encore totale chez les propriétaires de boîtes de nuit. Pour une fois, le Gouvernement n'a pas oublié les discothèques. Au contraire, dans ces étapes de reprise elles sont bien mentionnées : « les discothèques demeurent fermées ». Alors non, le 29 avril dernier, au moment de ces annonces, Aurore et Marc Marquais ne se faisaient guère d'illusion. « On s'y attendait. On est dénigrés depuis 14 mois par mal de politique» regrette le patron du QG à Langon, stupéfait de savoir que des concerts ou des salons pourront recevoir 5000 personnes en intérieur quand lui ne peut même pas en accueillir 200.
Se donner la force de continuer
Lui et son épouse ont repris cette boîte de nuit il y a 10 ans quand elle s'appelait encore l'Elite. Le QG nait, lui officiellement il y 7 ans. L'établissement, qui emploie une dizaine d'employé.e.s, est fermé depuis le 13 mars 2020 sans même avoir pu rouvrir une seconde. Une fermeture longue durée qui en dit long sur le lien entre les lieux du monde de la nuit et l'emballement du nombre de cas ou de morts que la France a pu connaître tout au long de cette crise. Aurore dresse un contast amère : « les discothèques n'auront jamais été vecteur de l'épidémie étant fermées ».
Seul secteur à ne pas avoir de date de reprise, plusieurs exploitants ont saisi le Conseil d'Etat en déposant un référé et en demandant une réouverture pour le 30 juin tout en évoquant une « discrimination ». Difficile de savoir si cette requête ira au bout, néanmoins, le couple veut garder espoir. « On a le moral parce qu'on est bien entourés et puis on est des battants » commente Aurore Marquais. D'autres n'ont pas eu cette chance et cette force. Plusieurs centaines d'établissements ont déjà mis la clé sous la porte suite à cette crise. « Les patrons de boîtes de nuit sont des gens normaux avec des enfants, des crédits, des prises de risque » développe Marc.
Dans ce marasme, les aides promises ont mis du temps à arriver. Les premières ont pu être touchées en septembre. « De mars à septembre ça a été compliqué » reconnaît le responsable de la boîte située non loin de l'hippodrome, Bois de la Mourasse à Langon.
Une reprise dans quelles conditions ?
Couple, en affaire comme dans la vraie vie, Aurore et Marc, parents de plusieurs enfants, n'auront en tout cas pas chômé durant ces mois à l'arrêt forcé. Les travaux se sont multipliés aussi bien au QG, qu'au Patio, un bar d'ambiance extérieur accolé à la discothèque. « On est au taquet » lâche en souriant l'ancien DJ.
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La question du protocole sanitaire à mettre en place se pose pour espérer une reprise. Force est de constater, que le pass sanitaire est privilégié. Salons, foires, festivals, stades ou concerts ne seront accessibles qu'avec ce pass. Une idée qui rebute Aurore Marquais, non favorable à la vaccination de jeunes adultes : « Ce n'est pas la solution selon moi. Et puis si les clients doivent faire un test PCR toutes les semaines ça va refroidir des personnes ». La traçabilité, les gestes barrières ou la présence de gel hydroalcoolique étant favorisés par le couple. « Il faut un protocole pas compliqué pour nous et les clients, insiste Marc Marquais, mais si c'est le pass sanitaire, on l'appliquera bien sûr ». L'occasion pour les futur.e.s visit.euse.eurs de profiter du nouveau coin VIP de la discothèque.
Le Patio ne rouvrira pas... tout de suite
Également à la tête du Patio, le duo a annoncé que le bar n'allait pas rouvrir, bien qu'il ait l'autorisation dès le 19 mai. La raison ? Le maintien du couvre-feu (qui passera à 21h00 le 19 mai). Un horaire bien trop tôt pour un tel lieu. « On verra quand il passera à 23h00 » rajoute Aurore. « Et puis ça dépendra du protocole, complète son époux. On n'est pas là pour faire la police ».
L'an passé, Le Patio avait pu recevoir un bon nombre de personnes. Un été et un automne réussis malgré des règles contraignantes (pas plus de 6 personnes à la même table, masques en se levant, interdiction de danser...). Comme tous les autres, le bar a dû fermer le 29 octobre.
120 m² de terrasse supplémentaire, une piscine, une table de ping-pong, un boulodrome, un rétroprojecteur pour suivre les retransmissions sportives (et notamment l'Euro de football à venir)... tout est là. Sauf le public.
[Jérôme Martin-Castéra - photo : J.M.C.]